Redécoupage des régions : la carte secrète du gouvernement

Au delà du point de vue de Pierre Jovanovic (ci-dessous), moi je trouve qu'on nage en plein fédéralisme, enfin on y reviendra... (carte en  informations complémentaires).

EXCLUSIF Le nouveau Premier ministre Manuel Valls dispose déjà d’un projet de redécoupage des régions de l’Hexagone, que Challenges s’est procuré. Une France à douze régions.

La carte est prête sur le bureau de Manuel Valls. Depuis l’annonce de la diminution du nombre de régions par François Hollande en janvier, une poignée de hauts fonctionnaires cogitaient sur un nouveau découpage administratif de l’Hexagone. Confirmé par le nouveau Premier ministre le 8 avril, le chantier revient en tête des priorités du gouvernement. Plusieurs scénarios ont été mis sur la table, mais le plus réaliste est celui d’une France métropolitaine à 12 régions, présenté à l’Elysée le 10 mars et dont « Challenges » s’est procuré la carte.

"L’ambition est d’aboutir à des ensembles comparables en termes de population et de richesses, sans 'charcuter' les entités existantes", décrypte un proche du dossier. Le PIB et la population moyenne des futures régions doubleraient quasiment par rapport aux anciennes.

Trois ensembles demeureraient intacts : l’Île-de-France, la Provence-Alpes Côte d’Azur et la Corse. Cinq fusions seraient opérées : la Bourgogne et la Franche-Comté, la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais, la Basse Normandie et la Haute Normandie, le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, l’Auvergne et Rhône-Alpes. Deux entités regrouperaient trois anciennes régions : l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardennes, ainsi que le Poitou-Charentes, l’Aquitaine et le Limousin.

La région Pays de Loire démantelée

Seule une région serait démantelée : les Pays de la Loire. Trois de ses actuels départements – la Mayenne, la Sarthe et le Maine et Loire – seraient intégrés à une nouvelle région baptisée Vallée de la Loire. Le département Loire-Atlantique passerait, lui, dans le giron de la Bretagne, tandis que la Vendée rejoindrait le bloc Aquitaine-Poitou-Limousin.

Nul doute que c’est cette suppression de la région Pays-de-Loire qui concentrera les critiques. Un scénario alternatif, étudié de près à Matignon, consisterait d’ailleurs à rattacher les deux départements à la région Vallée de la Loire. Manuel Valls pousserait aussi pour un rattachement de la Corse à la région Provence, ce qui permettrait de tenir sa promesse d’une division par deux du nombre des régions.

Un dossier sensible politiquement

Politiquement, le dossier est sensible. En 2009, l’ancien Premier ministre Edouard Balladur, missionné par Nicolas Sarkozy, avait proposé une diminution du nombre de régions de 22 à 15. Il s’était heurté à une levée de boucliers des élus locaux contre le démantèlement de la région Poitou-Charentes et la fusion de l’Auvergne et de Rhône-Alpes. Un collectif baptisé « Touche pas à ma Picardie » avait même recueilli une dizaine de milliers de signatures. Plus récemment, le rapport des sénateurs Jean-Pierre Raffarin et Yves Krattinger, qui recommande la constitution de huit à dix régions et a été cité par Manuel Valls, a aussi suscité de vives inquiétudes.

Car si les Français sont majoritairement favorable à un redécoupage territorial (68 %), ils sont aussi très attachés à leurs régions (74 %) ! Interrogés par LH2 pour la presse régionale et France Bleu, quelque 54 % rejettent la fusion de leur région avec une autre et 51 % sont contre le rattachement de nouveaux départements.

Les Alsaciens, les Bretons et les Franc-comtois se sentent plus liés à leur région que la moyenne - respectivement 84%, 83% et 83% - les Franciliens et les habitants de la Champagne-Ardenne étant eux beaucoup plus détachés. Bonne nouvelle pour le gouvernement : ce sont les habitants des Pays de la Loire qui sont le plus conciliant, 22 % étant même favorable à la disparition de leur région.

Reste que le calendrier est serré. Le gouvernement doit présenter un projet de loi de décentralisation dans les semaines à venir et les prochaines élections régionales se tiendront en mars 2015. D’ici là, le gouvernement compte sur les conseils régionaux, tous à majorité socialiste sauf l’Alsace, pour opérer des rapprochements volontaires. Ensuite, nombre de conseils régionaux auront sans doute basculé à droite et Manuel Valls imposera aux récalcitrants son nouveau découpage. Avec une entrée en vigueur prévue le 1er janvier 2017. De quoi animer la campagne présidentielle…

 

Source(s) : Challenges.fr via Maître Confucius

Informations complémentaires :

 
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