Crise en Grèce : une déclaration de Mikis Theodorakis

Et si on laissait la voix au peuple grec ?

18973

Míkis Theodorákis (en grec : Μίκης Θεοδωράκης), né le 29 juillet 1925 sur l’île de Chios en Grèce, est un compositeur, penseur et homme politique grec. Son père était originaire de Galata (Crète) et sa mère de Chesmé en Asie Mineure. Il est particulièrement bien connu pour ses chansons (Sto Perigiali, Kaïmos, Une hirondelle…) et ses musiques de film (Electra, Zorba le Grec, Z, Serpico).

Sur le plan politique, il a été identifié avec la gauche jusqu'à la fin des années 1980, mais en 1989, il s'est présenté comme candidat indépendant avec le parti de centre-droit Nea Dimokratia (Nouvelle Démocratie), afin d'aider la Grèce à sortir de la grave crise politique dans laquelle l'avaient plongée les nombreux scandales du gouvernement d'Andréas Papandréou[1] et a aidé à établir une large coalition entre les conservateurs, le PASOK et la gauche. Pour la première fois depuis la guerre civile (1946-1949), le KKE (Parti Communiste Extérieur) a ainsi de nouveau participé à la gestion de l'État. En 1990, Theodorakis a été élu au Parlement hellénique - tout comme en 1964 et 1981 -, est il devenu « ministre sans portefeuille auprès du Premier ministre » du gouvernement de Constantin Mitsotakis. Pendant la courte période où il était au gouvernement, Theodorakis s'est battu contre la drogue et le terrorisme et pour la culture et de meilleures relations entre la Grèce et la Turquie. Après avoir été ensuite pendant deux ans (1993-1995) directeur des orchestres et des chœurs de la Radio Grecque ERT, il s'est retiré de la vie publique, mais il continue à faire des déclarations souvent fracassantes, surtout lorsque la paix est en danger[N 1]. Il s'est toujours opposé à tout régime dictatorial et oppressif et a été le porte-parole mondialement reconnu contre la Dictature des colonels grecs 1967-1974 [2].

Sa page Wikipedia

La déclaration de Theodorakis n’a pas été reproduite par la Presse grecque que peu et partiellement. Si comme tous les commentateurs en Grèce soulignent les aspects économiques de la tragédie grecque, Theodorakis les lie à la politique expansionniste des Etats-Unis (Dictature des colonels, partition de Chypre, Skopie, Kosovo-UCK, provocations continues des militaires turcs, …). Dans tous les cas, les Américains sont derrière les mauvais coups. Le dossier grec a été géré par Obama-Merkel- Sarkozy comme tout le monde a vu. L’ampleur des mesures prises par le gouvernement socialiste (soutenu par la droite et l’extrême droite) dépasse même les prévisions de l’Ecole Hayek. Les Grecs commencent à comparer l’austérité socialiste à l’austérité pendant l’occupation allemande.

Avec le sens commun dont je dispose, je ne peux pas expliquer et encore moins justifier la vitesse à laquelle notre pays a dégringolé à partir de 2009, au point d’en arriver au FMI, perdant ainsi une partie de sa souveraineté nationale et passant à un régime de tutelle. Et il est curieux que personne jusqu’à présent ne s’est occupé du plus simple, c’est-à-dire de notre parcours économique avec chiffres et documents, de manière à ce que, nous ignorants, comprenions les causes réelles de cette évolution vertigineuse et sans précédent, qui a comme résultat la perte de notre identité nationale accompagnée de l’humiliation internationale.

J’entends parler d’une dette de 360 milliards, alors qu’en même temps je vois les mêmes dettes, voire de plus grandes, dans de nombreux autres pays. Par conséquent, celle-là ne peut pas être la cause essentielle du malheur. Ce qui me pose problème également c’est l’exagération des coups internationaux dont notre pays est la cible, d’une telle coordination quasi-parfaite contre un pays d’une économie insignifiante, ce qui finit par être suspect. Ainsi suis-je conduit à la conclusion que quelques uns nous ont culpabilisé et nous ont fait peur, de manière à nous conduire au FMI, qui constitue un facteur essentiel dans la politique expansionniste des Etats-Unis et tout le reste concernant la solidarité européenne est de la poudre aux yeux, pour cacher qu’il s’agit d’une initiative purement américaine, pour nous jeter dans une crise économique artificielle, de manière à ce que notre peuple ait peur, qu’il s’apprivoise, qu’il perde des conquêtes précieuses et enfin qu’il se mette à genoux, une fois acceptée la domination étrangère. Mais pourquoi ? Pour servir quels plans et quels objectifs ?

Bien que j’aie été et reste partisan de l’amitié gréco-turque, néanmoins je dois dire que je crains ce renforcement soudain des relations gouvernementales, et les contacts précipités entre ministres et autres acteurs, les déplacements récents à Chypre et la prochaine visite d’Erdogan. Je soupçonne que derrière tout ça se cache la politique américaine avec ses projets suspects, qui concernent notre espace géographique, l’existence de gisements sous-marins, le régime de Chypre, la mer Egée, nos voisins du nord et l’attitude arrogante de la Turquie, le seul obstacle étant la méfiance et l’opposition du peuple grec.

Tous, autour de nous, peu ou prou, sont attachés au char des Etats-Unis. La seule différence c’est nous, qui depuis la dictature de la Junte et la perte de 40% de Chypre jusqu’aux embrassantes avec Skopje (Ancienne République Yougoslave de Macédoine) et les ultra nationalistes Albanais, nous recevons des coups sans prendre conscience.

Il faudrait ainsi que nous soyons éliminés en tant que peuple et c’est ce qui arrive exactement aujourd’hui. J’appelle les économistes, les politiciens, les analystes, à me démentir. Je crois qu’il n’existe pas d’autre explication logique en dépit du complot international, auquel ont participé les européens pro-américains du type Merkel, la Banque Européenne, la presse réactionnaire internationale, tous ensemble ont participé au ” grand coup ” de la dévalorisation d’un peuple libre à un peuple soumis. Tout au moins, je ne peux donner aucune autre explication. Je reconnais que je n’ai pas de connaissances spécifiques mais ce que je dis, je le dis avec mon sens commun. Peut-être beaucoup d’autres pensent comme moi et nous le verrons peut-être les jours à venir.

En tout cas, je voudrais préparer l’opinion publique et souligner que si mon analyse est juste, alors la crise économique (laquelle, comme je le dis, nous a été imposée) n’est que le premier verre amer d’un repas de Lucullus qui suivra et que cette fois-ci viendront aussi des questions nationales cruciales, dont je ne veux pas imaginer où elles nous conduiront.

Je souhaite avoir tort.

Mikis Theodorakis / Athènes, le mardi 27 avril 2010tiré de Initiative communiste(PRCF) 

Articles de Mikis Theodorakis publiés par Mondialisation.ca

Source Mondialisation.ca


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