Alors que le Sénat s’apprête à débattre de la proposition de loi visant à protéger les logements contre l’occupation illicite, le président de la Fédération des acteurs de la solidarité Pascal Brice explique, dans une tribune au « Monde », que ce texte est un cruel retour en arrière.
Tandis que notre attention est tournée vers la résistance ukrainienne, le dérèglement climatique, la hausse des prix et l’avenir de nos retraites, une infamie avance dans l’indifférence générale : le rétablissement de la prison pour dettes pour les locataires qui ne parviennent pas à payer leur loyer. Adoptée à l’Assemblée nationale par une majorité associant l’extrême droite, la loi « anti-squat » revient en discussion en cette fin janvier au Sénat.
Les locataires qui sont dans l’incapacité de payer leur loyer y sont assimilés aux personnes qui s’introduisent dans la propriété d’autrui pour constituer un « squat ». Pour les mettre en prison. En prison parce que l’on n’arrive plus, faute d’un emploi, d’un salaire suffisant, du fait des différentes charges de la famille, à payer le loyer.
Que chaque citoyen, au-delà de ses opinions et de ses intérêts économiques, entende la violence de ces mots dans la vie de dizaines de milliers de femmes, d’hommes, de familles : vous ne pouvez plus payer le loyer, votre bail est résilié et pourtant vous occupez encore votre logement faute d’autre solution que la rue ? En prison !
Prison pour dettes
Retour donc au XIXe siècle et à la prison pour dettes, définitivement abolie en France en 1867. Et mise à bas de décennies de progrès consensuels – gauche, droite, centre et ailleurs confondus –, fruits de tant d’engagements d’élus, de fonctionnaires, de citoyens, de bailleurs et travailleurs sociaux, d’associations partout dans notre pays, pour éviter les expulsions locatives qui poussent des familles vers la rue – où nos associations les retrouvent.
On cesserait d’admettre l’évidence : l’immense majorité des femmes et des hommes ne paient plus leur loyer parce que tout simplement ils n’y arrivent plus ? On les mettrait dans le même sac – dans la même prison – que ces quelques individus qui organisent leur insolvabilité voire, dans quelques cas médiatisés à outrance, agressent les propriétaires ?
Source : Le Monde.fr via Contributeur anonyme
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