François Hollande et le PS en route vers le grand chelem

« Grand chelem » je sais pas… Ils y vont peut-être un peu fort Reuters, mais ce que je sais, c’est qu’il faut une majorité forte à Hollande à l’Assemblée pour détricoter toutes les saloperies que la droite nous a imposées, à vous de voter en conséquence…

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PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste semble en route vers une nette victoire, dimanche, au second tour des élections législatives, malgré une dernière semaine de campagne parasitée par la rivalité entre l'ancienne et l'actuelle compagnes du chef de l'Etat.

Proches de François Hollande et dirigeants socialistes se disent confiants dans la possibilité pour le PS et les partis liés d'avoir seuls une majorité absolue d'au moins 289 députés à l'Assemblée nationale, sans les Verts et le Front de Gauche.

"Nous devrions dépasser 300 députés", prédit ainsi un haut responsable du PS. Une tendance confirmée par les derniers sondages, qui créditent PS, radicaux de gauche et Mouvement républicain et citoyen de 287 à 330 sièges.

A droite, l'UMP de l'ex-président Nicolas Sarkozy, qui pourrait selon des projections ne pas atteindre 200 élus, se résigne à la défaite, malgré un ultime appel de son secrétaire général Jean-François Copé à éviter "l'irréparable" et à ne pas donner à la gauche un "chèque en blanc", dans Le Figaro.

LE TWEET QUI A FAIT DIVERSION

Un mois après l'entrée en fonction du deuxième président socialiste de la Ve République, les Français sont invités à élire 541 députés dont les sièges sont encore à pourvoir, après un premier tour marqué par une abstention record de près de 43 %.

Les enjeux du scrutin ont été occultés par les rebondissements de la bataille hautement symbolique de La Rochelle entre un socialiste dissident soutenu par la droite locale et l'ex-conjointe du chef de l'Etat, Ségolène Royal.

François Hollande a rompu mardi sa promesse de rester en retrait, pour soutenir l'ex-candidate à la présidentielle de 2007, en grande difficulté dans une circonscription dont elle voulait faire un tremplin pour la présidence de l'Assemblée.

La "première dame", Valérie Trierweiler, dont les relations avec Ségolène Royal sont notoirement tendues, a contredit le chef de l'Etat en envoyant un tweet d'encouragement à l'autre candidat, Olivier Falorni, sourd aux consignes de retrait du PS.

Cet épisode vaudevillesque a embarrassé l'Elysée et la direction du PS et fait les délices d'une droite en passe de céder la majorité à l'Assemblée, après avoir perdu le Sénat l'automne dernier et l'Elysée ce printemps.

Le premier couac du quinquennat a détourné l'attention des médias des embarras de l'UMP, tiraillée entre la tentation de certains de ses candidats de flirter avec le Front national et le refus de ses dirigeants de tout désistement ou appel à voter en faveur de l'extrême droite comme du PS.

AMBITIONS À LA BAISSE POUR L'UMP

Sur 34 triangulaires, 28 impliquent le FN, également engagé dans 20 duels avec la gauche et neuf avec l'UMP.

Le parti de Marine Le Pen, crédité de 1 à 4 sièges par les sondages, espère en gagner jusqu'à sept et revenir à l'Assemblée après une quasi absence de 26 ans.

Le maintien d'une candidate PS dans le Vaucluse, Catherine Arkilovitch, arrivée troisième au premier tour, a ainsi accru les chances de Marion Maréchal-Le Pen, nièce de Marine Le Pen.

S'ils minimisent l'épisode du tweet, les analystes n'excluent pas qu'il alimente chez les électeurs les moins motivés la tentation de l'abstention, qui pèsera encore lourd.

"S'il y a un impact de La Rochelle, et il y en aura forcément un, ça peut sauver quelques-uns de nos députés", espère pour sa part un haut responsable de l'UMP.

Mais le même se montre très prudent sur les chances du parti de l'ex-président Nicolas Sarkozy de limiter les dégâts et donc les tensions internes post-électorales.

"L'Outre-mer nous plombe d'une bonne vingtaine de sièges parce qu'il a fallu en créer pour des raisons démographiques et que la politique y a été catastrophique ces cinq dernières années. C'est un vrai handicap", explique-t-il.

Il déplore également de nombreux cas d'"indiscipline" dans les rang de l'UMP, notamment à Paris, en Ile-de-France, dans le Sud-Est et en Rhône-Alpes - "Ça a fait des dégâts."

Il mise sur 230 à 270 sièges pour l'UMP et ses alliés centristes et divers droite. Une prédiction plus optimiste que celles des instituts de sondages (200 à 263) mais loin des 328 députés UMP et Nouveau centre sortants recensés au 14 juin.

TOUS LES LEVIERS POUR LE PS ?

L'épisode du tweet de Valérie Trierweiler ne semble cependant pas avoir eu d'impact négatif sur une dynamique favorable à la gauche, dans la foulée de la présidentielle.

Si Ségolène Royal paraît en passe de perdre son pari, le gouvernement pourrait pour sa part faire carton plein : sur 25 ministres candidats, un seul paraît en ballottage incertain, Marie-Arlette Carlotti (personnes handicapées), à Marseille.

Il sera certes difficile, même à l'ensemble de la gauche, de remporter les 377 sièges nécessaires pour constituer avec ses 178 sénateurs la majorité des trois-cinquièmes requise au Parlement réuni en congrès pour ratifier certains textes.

Mais si les prévisions des instituts de sondage et des stratèges du PS se confirment, le parti du président Hollande n'en détiendra pas moins presque tous les leviers du pouvoir : Elysée, gouvernement, Assemblée, Sénat, presque toutes les régions, majorité des départements et des grandes villes.

Une situation inédite qui ne présente pas que des avantages, estime Frédéric Dabi, de l'institut de sondages Ifop.

"Les attentes seront très fortes et le PS ne pourra pas invoquer un déséquilibre des pouvoirs", explique cet analyste. "Avec toutes les cartes pour appliquer son programme et tenter de redresser le pays, il sera attendu au tournant."

Malgré son accord électoral avec le PS, Europe Ecologie-Les Verts risque en revanche de voir déçus ses espoirs de former un groupe parlementaire (au moins 15 députés). De même que le Front de Gauche, qui inclut le Parti communiste et dont le leader, Jean-Luc Mélenchon, a été éliminé au premier tour.

Mais les législatives grecques, qui ont aussi lieu dimanche et planteront le décor européen dans lequel François Hollande devra gouverner, risquent fort de relativiser ce scrutin.

par Emmanuel Jarry

Avec Yann Le Guernigou, Emile Picy et service France, édité par Yves Clarisse

 

Source : Reuters


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